Par Luma Lessa, couverture collaborative de la Marche des Femmes Indigènes

Environ 3 000 femmes indigènes ont manifesté lors de la première Marche des Femmes Indigènes sous le soleil ardent de Brasilia, ce 13 août au matin. Bravant les distances continentales du Brésil, des femmes provenant de 113 peuples ont peint d’urucum, peinture de couleur rouge extraite d’un fruit typique du Brésil, les rues du District Fédéral. Sônia Guajajara a souligné que le Président Bolsonaro a déclaré la guerre aux peuples indigènes en disant qu’il ne démarquera pas un seul centimètre de plus de leurs terres. “Ils ne le pourrons pas face à nous, avec notre force, avec notre diversité. Nous allons ensemble défendre la mère terre”, a poursuivi la coordinatrice de l’Articulation des Peuples indigènes du Brésil (APIB).

D’autres leaders indigènes ont invoqué la force des femmes présentes, des ancêtres et des esprits, pour protester contre le gouvernement actuel. Les délégations se sont organisées avec des banderoles, des mots d’ordre et des danses pour défendre les droits des peuples et des femmes indigènes, ainsi que le respect de la nature. Les femmes ont exigé la démarcation des territoires, ainsi qu’un accès différencié à l’éducation et à la santé pour les peuples indigènes. Outre ces appels, elles ont continué à demander le départ de Silvia Nobre, l’actuelle secrétaire du Sesai, qui selon elles ne les représente pas. Plusieurs ont aussi protesté contre l’exploitation minière en réaction à la proposition de la PEC 187, un projet de règlementation de l’exploitation économique des terres indigènes. Une des leaders s’est interrogée : “quel est ce genre de développement qui tue, qui est conçu pour le peuple brésilien sans le peuple brésilien ?”. Devant le Ministère de l’Environnement, des leaders ont insisté sur le fait que les peuples indigènes pensent non pas au présent, mais au futur. Le territoire est la source de vie des peuples indigènes et de la planète, fournissant des aliments aux campagnes et aux villes.

La marche représente un moment historique pour renforcer le rôle des femmes indigènes. Elisa Pankararu a défendu l’idée que le corps de chaque femme présente est un territoire, une résistance indigène et ancestrale.

“C’est nous, femmes indigènes, avec nos corps, qui allons décoloniser la société brésilienne qui tue notre histoire et notre mémoire ”, a déclaré Célia Xacriabá.

Pour cette raison, elles ont souligné l’importance de combattre les violences faites aux femmes, les discriminations et le racisme. Dans une perspective d’union des luttes, la Marche des Femmes Indigènes s’est jointe au ‘tsunami de l’éducation’ devant le Congrès National, aux côtés des étudiants, des professionnels de l’éducation, des mouvements sociaux et de parlementaires. Ils ont interpellé les personnes présentes en leur demandant : “Où que vous soyez, soutenez la cause indigène”.

Au même moment, une délégation de femmes indigènes a participé à une Session Solennelle de la Chambre des Députés en hommage aux Margaridas. A force de pressions, les indigènes ont obtenu la tenue d’une autre session qui leur a été spécialement consacrée ce mardi après-midi. Les activités de la dernière journée ont consisté à appuyer la Marche des Margaridas, le 14/08 au matin, suivi l’après-midi par une plénière abordant des thèmes communs aux deux marches.