Le Parlement Européen votera le 13 Septembre la proposition de loi FERC (Règlement sur l’importation de produits présentant un risque pour les forêts et les écosystèmes), également dénommée régulation contre la déforestation. L’APIB accompagne la construction de la législation depuis 2020, puisqu’elle présente quelques brèches qui entravent la protection effective des Peuples Amérindiens face à la pression exercée par la production de commodités.  

L’Articulation des Peuples Autochtones du Brésil (APIB) promeut une campagne pour garantir les droits des peuples amérindiens dans la régulation anti-déforestation, qui entre à l’ordre du jour du vote du Parlement européen le 13 septembre. La campagne nommée « Nous sommes tous des Biomas » (Somos Todos Biomas) cherche également à inclure tous les écosystèmes brésiliens dans la nouvelle législation.

La règlement FERC prévoit des sanctions pour la vente, sur le marché européen, de produits qui proviennent de zones environnementales issues de la déforestation, quelle que soit la forêt où elles sont situées, partout dans le monde. Néanmoins, la définition de forêt, mise en place par la FAO qu’utilise la législation, est très réductrice et rejette une part importante des biomes dès lors écartées des mesures de protection. Au-delà, l’amélioration de la traçabilité des chaînes de production seulement dans quelques biomes annonce une menace de déplacement et d’intensification de la production sur les autres zones naturelles non contrôlées – régions qui, historiquement, subissent déjà de telles pressions.

Dans le cas du Brésil, si la loi était appliquée conformément à la proposition actuelle, l’Amazonie serait l’unique biome, avec la Forêt Atlantique (Mata Atlântica), dont la majorité de l’aire forestière serait protégée (respectivement 84% et 71%). En revanche, seule une petite part du Cerrado (26%), de la Caatinga (10%), du Pantanal (24%) et des Pampas (11%) seraient pris en compte par la législation, d’après les données de MapBiomas.

Les Peuples Amérindiens du Brésil, qui sont répartis sur tout le territoire du pays et qui habitent dans tous ses biomes, souffrent, aujourd’hui déjà, des pressions exercées par la production de commodités, à travers: 1) l’invasion illégale et la destruction des forêts qui se trouvent sur leurs terres; 2) la violence, les menaces, les assassinats des leaders amérindiennes, amérindiens, ou des activistes qui luttent pour la défense de l’environnement et la protection des droits des autochtones; 3) la pression socio-environnementale directe qui résulte de la déforestation, des incendies, de la croissante intensification des activités agricoles de grande échelle, autour des Terres Indigènes, avec usage de pesticides qui polluent terres et fleuves.

Selon un croisement de données fait par l’APIB avec la localisation des Terres Indigènes au Brésil et les données de l’IPAM sur les changements d’utilisation des sols sur des aires localisées jusqu’à 25 Km autour: 29% des terrains qui bordent les Terres Indigènes ont fait l’objet de déforestation, pour 2% seulement à l’intérieur. La cartographie montre que la majorité des surfaces de déforestation sont destinées au pâturage de bétail (pour l’exportation de la viande ou du cuir) et à la production de soja, mais y concourent aussi, de manière notable, les plantations de canne à sucre, de riz et de coton, entre autres commodités.

Devant le risque croissant de dégradation de l’environnement, provoqué par certains secteurs productifs, la proposition de règlement FERC présente comme objectif, la réduction de la déforestation, des émissions de gaz à effet de serre et de la perte de biodiversité, au moyen de la diminution de la consommation, en Europe, de commodités issues de chaîne de productions associées à la déforestation ou à la dégradation des écosystèmes. Or tous les biomes ont une égale importance pour atteindre un équilibre environnemental. Par conséquent, l’APIB requiert, en premier lieu, qu’ils soient tous protégés par la future législation, afin que l’effet global contre la déforestation soit effectif. L’organisation demande aussi le respect des traités, des accords internationaux qui protègent les droits de la personne humaine, en particulier les droits des amérindiennes et des amérindiens, afin d’octroyer des garanties réelles dans la protection des Peuples Amérindiens du Brésil. Les législations nationales à leur propos deviennent insuffisantes quand les gouvernements, tel que l’actuel de Jair Bolsonaro, à la position ouvertement anti-améridien, met en péril la vie des gardiens des forêts et de la biodiversité qui, malgré la pression de la mondialisation et de la production des commodités, luttent pour continuer à vivre dans une inter-relation de respect, de durabilité avec la forêt.

Pour toutes les raisons exposées, l’APIB manifeste sa demande de prise en considération, par le Parlement Européen, de la nécessité d’une loi contre la déforestation plus complète, qui garantisse la protection de tous types de végétations, de la biodiversité mondiale, de la survie des peuples amérindiens, comme de l’équilibre climatique global, afin de garantir les conditions de vie des générations actuelles et futures.